Roald Dahl |
|||||||
Matilda, éd.Gallimard, coll. Folio Junior, 1994 (1988 pour le texte/1988 pour la traduction française) Ce livre, tendre et cruel à la fois, oppose sans arrêt deux points de vue :
De ce décalage naît, non pas une tragédie, mais un roman qui traite ce sujet avec drôlerie, en caricaturant à l'extrême ces adultes inattentifs, bêtes, et en donnant aux enfants le pouvoir de l'intelligence, de la modération, de la maturité. Le livre commence par une réflexion du narrateur sur les parents :
Et bin l'histoire de Matilda est tout l'inverse. Matilda grandit, en effet, auprès de parents, d'adultes, qui n'en ont que faire d'elle.
M. et Mme Verdebois sont les parents de Matilda. Son grand frère, Michael, s'en sort mieux : comme il est l'exacte copie de ses parents, comme il aime ce qu'ils aiment, comme il correspond exactement leurs attentes, il n'est pas dérangeant et est très bien accepté (supporté ?). Mais Matilda pose plein de questions auxquelles ses parents ne peuvent pas répondre. Matilda n'aime pas la télé et lui préfère les livres, passion qu'elle ne partage avec personne de la famille.
Matilda désapprouve les pratiques frauduleuses de son père, marchand de voitures d'occasions. Elle se réfugie donc, en l'absence de ses parents, à la bibliothèque, et lit "ces livres vraiment bons que lisent les grandes personnes" : les Grandes Espérances, Nicholas Nickleby et Olivier Twist de Charles Dickens (note de Mar : tiens donc, un auteur où les parents, substituts parentaux, adultes, sont souvent défaillants), Jane Eyre de Charlotte Brontë, Orgueil et préjugé de Jane Austen, Tess d'Uberville de Thomas Hardy, Kim de Rudyard Kipling, L'homme invisible de H.G. Wells, Le vieil homme et la mer d'Ernest Hemingway, le Bruit et la Fureur de William Faulkner, les Raisins de la colère de John Steinbeck, les Bons Compagnons de J.B. Priestley, le Rocher de Brighton de Graham Green, la Ferme des animaux de George Orwell ... Toutes ces lectures aiguisent son sens critique, mais l'isolent chaque fois un peu plus des gens qui l'entourent :
Un adulte semble cependant s'intéresser à elle : Mme Folyot, la bibliothécaire qui l'oriente dans ses lectures et avec qui elle parle des livres et auteurs qui lui ont plus :
Mme Folyot semble vraiment impressionnée par cette enfant. Mais malgré l'intérêt que suscite chez elle l'enfant prodige, elle "savait rester discrète et avait depuis longtemps découvert qu'il était rarement bon d'intervenir dans la vie des enfant des autres." Savoir donc que Matilda, à 4 ans, restait seule chez elle, sans surveillance, savoir qu'elle rentrait seule en sortant de la bibliothèque, l'inquiétait ... "mais elle résolut de ne pas s'en mêler". Voilà comment, bon vent, mauvais vent, Matilda grandit, seule. "Matilda aurait sincèrement voulu que ses parents fussent bons, affectueux, compréhensifs, honnêtes et intelligents. Qu'ils ne possèdent aucune de ces qualités, il fallait bien qu'elle s'y résigne, mais ce n'était pas de gaieté de cœur." "-Cite-m'en un [livre] qui t'a vraiment plu. - L'île au trésor, dit Matilda. Je crois que M. Stevenson est un très bon écrivain, mais il a un défaut. Il n'y a pas de passages drôles dans son livre. - Peut-être bien, dit Mle Candy. - Il n'y en a pas non plus beaucoup chez M. Tolkien, dit Matilda. - Crois-tu qu'il devrait y avoir des moments drôles dans tous les livres d'enfants ? demanda Mle Candy. - Oui, répondit Matilda. Les enfants ne sont pas aussi sérieux que les grandes personnes et ils aiment rire [Note de Marine : en même temps, elle trouve M. Pickwick de Charles Dickens très drôle]" "Cependant Mlle Candy avait pris une autre décision : elle avait résolu d'aller trouver les parents de Matilda et d'avoir avec eux un entretien confidentiel. Elle n'admettait pas de laisser se poursuivre ainsi une situation aussi ridicule. Et puis, elle ne se résignait pas à croire les parents de Matilda totalement indifférents aux talents remarquables de leur fille. Après tout, M. Verdebois était un négociant prospère et, donc, il devait posséder un minimum de bon-sens. De plus, il est bien connu que les parents ne sous-estiment jamais les capacités de leurs enfants. Bien au contraire. A un point tel qu'il est souvent impossible à un professeur de convaincre un père ou une mère, débordants de fierté, que leur marmot bien-aimé est un parfait crétin. Forte de ces principes, Mlle Candy avait la conviction qu'elle persuaderait sans peine M. et Mme Verdebois des remarquables mérites de leur fille. Le seul problème consisterait peut-être à endiguer leur excès d'enthousiasme." "Matilda aussi commençait à voir rouge. Etre accusée d'un méfait qu'elle avait effectivement commis ne la choquait nullement. Ce n'était après tout que justice. Mais se voir chargée d'un crime dont elle était parfaitement innocente était pour elle une expérience aussi nouvelle qu'inacceptable." "Mlle Candy considérait toujours l'enfant, plongée dans un étonnement sans bornes, comme si elle assistait à la Création, au commencement du monde, au premier matin de l'univers." "-Je veux vivre ici avec vous, cria Matilda. Je vous en prie, gardez-moi près de vous ! - Je ne demande pas mieux, mais je crains que ce ne soit impossible. Tu ne peux pas quitter tes parents simplement parce que tu en as envie. Ils ont le droit de t'emmener avec eux. - Mais s'ils étaient d'accord ? s'écria Matilda d'un ton pressant. S'ils disaient oui ... que je peux rester avec vous ? Alors vous me garderiez près de vous ? - Bien sûr, dit doucement Mlle Candy. Ce serait le paradis. - Vous savez, je coirs que c'est possible ! s'écria Matilda. Sincèrement, je pense qu'ils accepteraient. Ils se fichent pas mal de moi !" Et elle ne se trompait pas ... "Celle-là, lui dit sa femme, faudra la mettre sur le siège arrière. Y a plus de place dans le coffre. (...) Pourquoi qu'on la laisserait pas aller si c'est ça qu'elle veut ? Ca fera toujours un souci de moins." "Michael fit un vague salut de la main par la lunette arrière, mais les deux autres occupants de la voiture ne se retournèrent même pas."
Le Bon Gros Géant, éd. Gallimard, coll. Folio Junior, 1997 (1982 pour le texte original/1984 pour la trad. française) C'est un bon gros géant, parmi tous les géants, qui sont méchants, eux, qui va aider Sophie, une petite fille orpheline, à empêcher que ceux-ci se nourrissent de gens, tout en lui donnant une leçon sur le genre humain, seule espèce sur Terre à s'entre-tuer. Se présente comme une oeuvre de théatre, avec, pour introduire le roman, l'énumération des personnages : LES HUMAINS :
LES GEANTS :
http://jeunet.univ-lille3.fr/auteurs/dahl98/fr_dahl.htm |