Marie-Aude Murail,

"Je suis une usine à phrases, du matin au soir et du soir au matin. Je suis hantée de phrases depuis l'âge de quatre ans, et sûrement depuis encore plus tôt. Je passe mon temps à changer le monde en phrases, avoue Marie-Aude. Dans ma vie, très souvent, j'ai une première réaction épidermique qui est douloureuse. Cinq minutes après, je me demande : Ah! tiens ? Si c'était arrivé à Emilien ? A ce moment-là, je revis la scène et c'est drôle. Je me dis que le bonheur sur la terre, c'est peut-être de savoir quoi faire de son malheur." Savoir en faire toute une histoire ...

Marie-Aude écrit. Pour ceux qui aiment lire et pour ceux qui croyaient que les livres ne les aimaient pas. Marie-Aude rencontre ses lecteurs. Elle leur parle d'elle, parfois plus qu'à ses proches. Elle les écoute. Répond à leurs questions, des plus joyeuses aux plus graves. A toutes. En se disant qu'ils ont besoin dans leur vie d'au moins un adulte qui le fasse. Elle s'y engage. Son métier, c'est devenu ça : "écrivain engagé", comme on disait "chanteur engagé" dans les années 1970. Encourager à lire, écrire et parler, non pas pour que tout le monde devienne écrivain, mais pour que, comme disait Gianni Rodari, "personne ne reste esclave". "Je ne mets rien au-dessu du dialogue, de la parole patiente du pédagogue, consolatrice de l'amie, ardente de l'amoureux, je ne mets rien au-dessus de la parole donnée. Des mots pour le dire qui sauvent une âme et du traité de paix qui sauve une nation." écrit-elle.

Elle concluait sa thèse qui parlait du bonheur, soutenue à la Sorbonne : "Plus le temps va, moins je vois d'inconvénients à passer pour une demeurée. Demeurée en enfance."

Oh, boy !, éd. L'école des loisirs, 2000

dédicace de Marie-Aude à ma petite soeur : "Lire c'est une histoire d'amour qui peut durer toute la vie."