Claude Ponti est un auteur-illustrateur qui ne laisse pas indifférent. On aime ou on n'aime pas. Pas parce qu'il choque. Non. Parce que l'univers qu'il propose nous parle ... ou pas. Concrètement, j'ai découvert Ponti lors d'un atelier écriture où l'on nous avait présenté plusieurs albums sans texte, pour lesquels on devait en inventer un. Entre ceux-là, il y avait l'Album d'Adèle de Claude Ponti. Je n'ai pas aimé du tout !!!¨Peut-être étais-je déjà trop grande pour rentrer dedans (au sens propre comme figuré) ?

Mais ma petite soeur est accro à son univers. Bon, bin je vais ré-essayer (oui, car ma petite soeur et ma maman sont mes références !). Et puis, je me suis retrouvée dans une promo où tous parlaient de Ponti. Aller, pour ma formation, ma culture G, un petit effort :-D ! J'ai commencé par faire connaissance avec le bonhomme, grâce à Ponti Foulbazar (n'hésitez pas à le commander ici, et vous verrez de quoi je parle). J'ai été séduite. Sa façon de parler, de faire parler ce/ceux qu'il aime de lui : de sa gomme à sa fille, en passant par son crayon et ses poussins. Sa façon de parler de sujets graves, mais auxquels il met un point d'honneur à ce que tout finisse toujours bien : pas de "mines antipersonnel, ni de Mort-aux-rats, et encore moins de guimauve (...), il déteste les livres qui collent ou qui tuent" (Lucie Cauwe, Ponti Foulbazar, l'école des loisirs, 2006) ; "tout finit toujours par s'arranger, car il pense que la vie est tellement triste qu'il vaut mieux en rigoler" (Sophie Chérer, l'album des albums, l'école des loisirs, 1997).

Le fait est que Claude Ponti joue. Il joue avec les mots, les double-sens, les sens propres et les figurés, il joue. Il joue à faire dire par une image ce qu'il vient de nier dans le texte, il joue à faire dire par l'image ce que le texte n'a pas encore eu le temps de dire, il joue. Il joue avec les répétitions, comme pour mieux affirmer ce qui vient d'être dit, lui donner de la contenance, insister sur cet aspect (comme dans L'Arbre sans fin, où Hippolène répond à ce "Je n'ai pas peur de toi", par : "Moi non plus je n'ai pas peur de moi" ; et dans Blaise et le château d'Anne Hiversère, ce goût pour la répétition est affirmé et revendiqué par la blague que se racontent deux de ses poussins : "Pète et répète sont dans un bateau. Pète tombe à l'eau. Qu'est-ce qui reste ?"). Il joue avec les sons, il les fait rimer, il les fait danser, il les fait s'emmêler, il nous fait trébucher dessus, recommencer. Il joue avec nous en fin de compte. Et ça fait rire les enfants. "Car les mots chatouillent aussi chez Claude Ponti" (Claude Ponti, Sophie Van der Linden, editions Etre, 2000),

Alors j'ai commencé ma collection en me faisant offrir par ma Maman Bizarre ... bizarre.

Bizarre ... bizarre, éd. l'école des loisirs, 1999

C'est l'histoire de Monsieur Monsieur et Mademoiselle Moiselle qui, chaque fois qu'ils se rencontrent sous une branche de Charmilla Moremilla, oublient un bras, une jambe ... A chacun de s'étonner à leur retour chez eux :

"C'est vraiment bizarre", pense Monsieur Monsieur, de retour chez lui, "je laisse beaucoup de moi-même sous cette branche de Charmilla."

"C'est vraiment bizarre", pense Mademoiselle Moiselle, de retour chez elle, "je laisse beaucoup de moi-même sous cette branche de Charmilla."

Et au moment de se retrouver, comme une révélation, ils se rendent compte de ce qui leur arrive :

"Je crois que je sais ce qui nous arrive, nous sommes amoureux."

"Je vous aime ..." dit Monsieur Monsieur, "Je vous aime ..." dit Mademoiselle Moiselle.

C'est trop mignon, un album pour enfant qui finit par une déclaration d'amour réciproque, non ?!

(à suivre ...)

Pour en savoir plus :

site officiel (en construction pour le moment) de Claude Ponti par l'Ecole des Loisirs, l'éditeur de ses romans et albums pour enfants.

site où l'on peut lire l'analyse de certains albums de Ponti à travers un exposé proposé en animation pédagogique pour les professeurs de écoles

article sur wikipédia

http://jeunet.univ-lille3.fr/auteurs/fr_auteur.htm

Poussin