Luis Sepulveda, né en 1949, à Ovalle, ville du nord du Chili, il milite très jeune au sein des Jeunesses Communistes, contre le général Pinochet et est condamné à 28 ans de prison. Sa peine fut allégée à 8 ans d’exil, en Suède, grâce à Amnesty International. Puis, il sillonne le monde : continent sud-américain puis européen, il s’installe en 1996 dans les Asturies, à Gijón (Espagne), à cause de la « tradition de lutte politique instaurée par les mineurs, du sens de la fraternité qui y règne ». Il y a fondé et y anime le salon du livre ibéro-américain, destiné à promouvoir la rencontre entre les auteurs, les éditeurs et les libraires latino-américains, et leurs homologues européens. |
Histoire d’une mouette et du chat qui lui apprit à voler, éd. Seuil, 1996 (pour l'édition française) C’est l’histoire d’une rencontre initiale entre Zorbas, un chat : « Le chat grand noir et gros poussa un soupir de satisfaction. Pendant deux mois il allait être le seigneur et maître de l’appartement. Un ami de la famille viendrait tous les jours lui ouvrir une boîte de nourriture et changer sa litière. Deux mois pour se prélasser dans les fauteuils, sur les lits, ou sortir sur le balcon, grimper sur les toits, aller jusqu’aux branches du vieux marronnier et descendre le long de son tronc jusqu’à la cour, où il retrouverait les chats du quartier. Il n’allait pas s’ennuyer. Pas du tout. » … et Kengah, une mouette, recouverte de pétrole alors qu’elle pêchait : « Ses compagnes de la bande du Phare du Sable rouge devaient être loin, très loin. Mais surtout, c’est l’histoire de la promesse qui s’en suivit : - Je te promets tout ce que tu voudras. Mais maintenant repose-toi, miaula-t-il avec compassion. - Je n’ai pas le temps de me reposer. Promets-moi que tu ne mangeras pas l’œuf, dit-elle en ouvrant les yeux. - Je promets de ne pas manger l’œuf. - Promets-moi de t’en occuper jusqu’à la naissance du poussin, croassa-t-elle en soulevant la tête. - Je te promets de m’occuper de l’œuf jusqu’à la naissance du poussin, miaula Zorbas. - Et promets-moi que tu lui apprendras à voler, croassa-t-elle en regardant fixement le chat dans les yeux. Alors Zorbas pensa que non seulement cette malheureuse mouette délirait, mais qu’elle était complètement folle. - Je te promets de lui apprendre à voler. Et maintenant repose-toi, je vais chercher de l’aide, miaula Zorbas en sautant sur le toit. Grâce à l’aide de Secrétario, « un chat de gouttière très maigre avec seulement deux poils de moustache, un de chaque côté du nez », Colonello qui « avait un étrange talent pour conseiller ceux qui avaient des problèmes, et même s’il ne résolvait jamais aucune difficulté, ses conseils réconfortaient », Jesaitout, « un chat gris, petit et maigre, qui consacrait l’essentiel de son temps à l’étude des milliers de livres qu’il y avait là », il va organiser les funérailles de Kengah, couver l’œuf, baptiser le poussin Afortunada (Chanceuse en espagnol, car c’est une petite fille), le protéger, l’élever, l’aimer et, reconnaissant leurs limites, aller chercher de l’aide auprès d’un humain, mais pas n’importe lequel : un poète. Pour lui apprendre à voler. « Zorbas resta à la contempler jusqu’à ne plus savoir si c’étaient les gouttes de pluie ou les larmes qui brouillaient ses yeux jaunes de chat grand, noir et gros, de chat bon, de chat noble, de chat du port. » C’est un récit poétique, tendre, simple, sur la solidarité, avec au passage, une petite leçon d’écologie où les animaux critiquent la façon dont les humains traitent leur environnement. |
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