"La censure des albums par les médiateurs du livre"

Dans le cadre de mon master en littérature de jeunesse, j'ai un mémoire à écrire. Il y avait déjà plusieurs thèmes concernant cette littérature qui m'intéressaient :

C'est ce dernier thème qui a retenu mon attention. Notamment parce qu'à côté de chez moi, une bibliothèque municipale possède au sein de sa section jeunesse, un département de recherche en littérature jeunesse, réservé aux adultes, où j'ai trouvé des albums, non-interdits par la commission de la loi du 16 juillet 1949 concernant les publications destinées à la jeunesse, mais qui posent question aux bibliothécaires. Ils se refusent donc de mettre ces albums à la portée de tous. Il n'est ainsi pas possible de penser que c'est à cause de contraintes budgétaires qu'ils sont "écartés", puisqu'ils ont été acquis par la bibliothèque et mis à disposition des adultes.

Jusque là, je n'imaginais pas qu'il y eut des livres pour ados, voire même des albums pour enfants, qui pouvaient leur nuire. Qu'ont-ils donc de spécial ? Ces albums sont-ils réellement dangereux pour les enfants ? Quel impact peuvent-ils avoir ? J'ai donc lu ces albums : ils parlent de pédophilie, de la guerre, de la shoah, de la mort, du suicide, de l'homosexualité. C'est vrai qu'au premier abord, on n'imagine pas parler de ces choses-là aux enfants : ils sont si petits, si fragiles, il faut les protéger. Bien entendu ! Mais je ne crois pas que taire ce qui nous, adultes, nous préoccupe, soit vraiment une façon de protéger nos chères têtes blondes. Le fait est qu'ils ne vivent pas dans un monde à part ! Ils sont sensibles à ce qui se passe autour d'eux. Ils entendent les infos dramatiques au JT de 20h, en même temps que leurs parents. Ces albums ne sont-ils pas là pour leur parler, avec des mots simples, qu'ils peuvent comprendre, de ce qui peut les préoccuper ? Ne nécessitent-ils pas simplement un accompagnement particulier, en prévention, ou une ordonnance spécifique, en guise de thérapie ?

Pourquoi les censurer, alors qu'ils ont été édités, donc autorisés par la commission de la loi 49 ? Cette commission de la loi 49 joue-t-elle toujours son rôle ? Quel était-il ? Pourquoi a-t-elle été créée ? Est-elle toujours effective/nécessaire/... ?

En fouillant un peu dans cette même bibliothèque, j'ai découvert qu'il y a bien des albums qui parlent de la mort, de la shoah, de la guerre, de l'homosexualité, etc., mais qui eux sont autorisés ... Tiens donc ?! Et pourquoi ? Serait-ce la qualité littéraire de ces albums qui serait alors en cause ? Leurs auteurs auraient-ils choisi expressément un sujet sensible pour faire parler d'eux ?

Un peu plus tard, en m'expatriant dans une autre bibliothèque, j'ai découvert qu'eux n'avaient pas la même "liste noire", si on peut l'appeler comme ça ! Ah bin, ça alors !! Voilà que pointe dans mon esprit un autre : "et pourquoi ?". Serait-ce donc un problème d'approche, d'accroche des différents médiateurs du livre, avec ces albums si particuliers ? Il est vrai qu'il est difficile de présenter, promouvoir un livre, si soi-même on n'est pas à l'aise avec.

Puis, par hasard, une autre piste est venue s'ajouter à mes pistes de recherche : celle de la censure de livres, et d'albums, dans des bibliothèques dont les municipalités étaient passées à l'extrême. Droite. Encore une fois, non pas pour des problèmes de budget, mais parce que ces ouvrages ne défendaient pas les idéaux de ce parti.

Mon sujet s'est ainsi, petit à petit précisé, et est devenu : "La censure des albums par les médiateurs du livre".

(à suivre...)